Histoire de Brenouille

Causerie du pasteur 1939 – suite

Cet article de l’histoire de Brenouille, reprends le texte publié par le curé de Brenouille en 1939 (suite)

Il est tiré du fascicule « Chez nous » écho paroissial de Cinqueux, Brenouille et Monceaux écrit en Aout 1939.

Il décrit parfaitement les environs de Brenouille et retrace aussi l’histoire de l’église de Brenouille. 

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Abbé Pierre GIRES curé de Brenouille.

Août 1939

 

 « CHEZ NOUS »
ECHO PAROISSIAL DE CINQUEUX, BRENOUILLE ET MONCEAUX

CAUSERIE DU PASTEUR

 

SUITE

Son fils, Louis Lebel, maréchal de camp, l’agrandit encore, et la seigneurie de Brenouille était considérable quand elle fut vendue, en même temps que la mairie royale, à la Com­tesse de Verderonne, qui la céda dans la suite au comte d’Andlau, dernier propriétaire.

Les moines de St-Leu, comme à Cinqueux, comme à An­gicourt, avaient le patronage de la cure.

Le château avait dans son enceinte sa chapelle érigée au 17e siècle par Louis Lebel, sous le titre de St Etienne.

L’église n’en était pas moins chère aux châtelains succes­sifs, puisque c’est elle, dans sa partie la plus ancienne, qu’ils avaient choisie pour y dormir leur dernier sommeil. Ils de­vaient d’ailleurs aimer à s’y rendre, comme l’atteste sans doute une porte, murée maintenant, qui se trouve dans la chapelle latérale gauche donnant accès en direction du château.

Cette église a le privilège d’avoir un patron principal, St Rieul, et un patron secondaire, St Georges. Le plus ancien patronage est celui de St Rieul, puisqu’il remonte à la pé­riode d’évangélisation du Beauvaisis : nous lisons, dans les leçons de la fête de St Rieul, 1er évêque de Senlis, qu’étant: venu à la rencontre de St Lucien, 1er évêque de Beauvais, sur le chemin du retour, Rieul rendit la vue à un aveugle et que les habitants de Brenouille, reconnaissants, résolurent d’élever une chapelle pour commémorer le miracle qui s’était accompli sur leur territoire, près du lieu qui en avait été le témoin.

Ce fut la première église sur l’emplacement de laquelle, la population s’étant accrue avec l’importance que prenait la seigneurie, on construisit la partie actuelle­ment existante en deux phases successives : d’abord le chœur avec l’abside et les deux transepts, dont la structure remonte probablement à la fin du XIIIe siècle, commencement du XIVe.

Les deux transepts sont à pignons, ainsi que l’abside qui en présente deux.

La nef, beaucoup plus récente, a moins d’intérêt ; elle est, avec le clocher, de la fin du 18e’ siècle.

Le cimetière entoure toujours l’église, et c’est à l’honneur des municipalités successives qui ont su s’opposer à -son transfert en dehors du pays. Il est bien là dans son cadre, et les tombes de leurs parents sont plus chères aux fidèles, heureux de les trouver à l’abri de l’église et sur leur chemin quand ils s’y rendent pour les grandes cérémonies de la Toussaint et des Rameaux, et les Dimanches où la Messe est dite.

Il doit y faire bien bon dormir ; c’est sans doute ce qu’avait pensé ce vénérable curé de Monceaux desservant Brenouille, l’Abbé Gourdin, qui avait demandé d’y dormir son dernier sommeil.

Oui, il a vraiment grand air ce cimetière entouré d’un mur énorme qui semble rappeler d’anciennes fortifications, ce qui confirmerait que l’église faisait partie de l’enceinte du châ­teau. Ajoutons que ce cimetière est un des mieux entretenus la région par les soins de la municipalité.

De là on voit se dérouler sous ses yeux, un peu moins étendu sur la droite, mais tout de même avec grande allure, le panorama que, tout à l’heure, nous contemplions du haut du mont Rocq qui le surplombe.

Grandeur et décadence ! la célèbre mairie royale d’antan, au rayonnement si étendu, n’est plus aujourd’hui qu’un hum­ble petit, village comme les autres ; à la place du château qui fut sa splendeur, on ne voit plus que des terres cultivées, les pierres ont servi à faire l’encaissement de la grande route de Creil à Compiègne, sur les bords de laquelle se sont éle­vées les habitations de l’actuel village.

Seule reste debout la grande et belle église chère aux quel­que 300 habitants, trop grande, hélas ! pour qu’un modeste budget communal, sans ressources spéciales, puisse prendre à sa charge l’importance des réparations qui s’imposent et qui sont, depuis la Révolution et la loi de Séparation, du ressort de la commune.

Il faut dire à l’honneur des municipalités successives qu’elles ont toujours fait du mieux qu’elles ont pu ; mais avec quelques milliers de francs plusieurs fois généreusement employés, on n’arrivait qu’à faire des réparations partielles urgentes et, peu à peu, l’édifice a souffert ; il est aujourd’hui dans un état lamentable.

Des démarches faites pour obtenir le classement, à notre époque où les finances sont rares, n’ont pas abouti. Il reste maintenant, si l’on veut sauver d’une ruine totale ce témoin du passé, il reste à faire appel -à la générosité de tous les bons catholiques et de tous les vrais amis de l’art.

Une souscription est ouverte dans ce but, sous le signe de l’union entre les autorités religieuses et municipales. Dans la région, elle trouve le plus sympathique accueil ; il semble, en effet, à tous que l’on ne pourrait pas s’habituer à ne plus voir sur son piédestal la belle silhouette de l’église de Brenouille.

A tous nos amis, nous lançons un pressant appel ; Il sera compris. Tous voudront aider le pauvre Curé qui, depuis 26 ans, travaille dans ce coin qu’il aime à relever des ruines.

          Dieu bénira ceux qui auront aimé la beauté de sa maison, et leur récompense sera de ne pas être comptés parmi les impies, mais parmi ceux qui le  béniront dans le ciel, après

Votre Pasteur.